Rentrée
Cela bouge dans l’Education Nationale ! Là aussi, Internet change les habitudes et les pratiques. Ayant découvert qu’un de mes commentateurs met ses cours sur un blog qu’il a créé à cet effet, j’ai voulu me pencher sur ce phénomène : voilà donc le résultat d’une enquête très rapide.
J’ai d’abord demandé à Nathanael (que je remercie ici) ses motivations. Voilà sa réponse
Plusieurs raisons, en vrac :
* j'en ai eu marre d'envoyer mes préparations par courriel à mes collègues et je me suis dit que si je les mettais sur un site, ce serait plus simple pour eux
* énormément d'élèves ont accès à Internet, je ne sais pas encore ce que va donner le blog d'un point de vue pédagogique, c'est une première pour moi, mais bon on verra
* j'ai beaucoup pioché sur Internet et je pensais qu'il serait bon que je puisse aider d'autres qui cherchent aussi des préparations sur Internet
* je suis à un stade où je fais toutes mes préparations sur mon ordinateur sans quasiment me servir des manuels (dans ma classe, parce que je m'en sers pour mes préparations) et donc je peux mettre en ligne quasiment toute une année scolaire
J’ai aussi demandé à ma fille, prof depuis deux ans, son avis sur la question. Elle-même va voir des sites d’autres professeurs, quand elle bloque dans sa préparation ou qu’elle veut estimer la durée d’un cours,. Elle va également voir les sites académiques qu’elle a découvert à l’IUFM (une des séances qu’elle a appréciée à l’IUFM). Elle connaît personnellement un jeune professeur qui tient ainsi un site dans une autre matière que la sienne, mais c’est le seul dans son entourage. A Noter que c »e prof a deux ans d’expérience comme elle : chez les profs aussi, la valeur et l’audace n’attendent pas le nombre des années.
Tout cela est bel et bon. Et prouve une fois de plus qu’il y a parmi les professeurs pleins de gens de bonne volonté qui ne demandent qu’à bien faire.
Pour finir mon enquête je me suis adressé à un cadre de l’Education nationale dont voici la réponse :
je te confirme bien qu’il y a beaucoup de sites et d’actions de ce type dans le monde de l’éducation nationale… mais qu’il faut malheureusement relativiser par rapport au nombre d’enseignants ! En % cela reste faible, sans doute de l’ordre de 5 à 10 % au maxi !
Durant 20 ans, depuis le plan informatique pour tous, l’éducation nationale a joué la carte de l’essaimage, en faisant le pari que 20% de profs engagés et experts arriverait à convaincre et former tous les autres … force est de constater qu’il n’en n’est rien et que cette stratégie n’a pas fonctionné.
Aujourd’hui, l’EN joue plutôt la carte de l’immersion dans un environnement matériel (les Espaces Numériques de Travail) imposant à tous la pratique de l’informatique, que ce soit pour les actes administratifs ou pour les échanges et la communication pédagogique.
Cela réglera peut être le problème de la compétence technique des enseignants… mais pas forcément les pratiques pédagogiques.
Sur ce point, je te confirme que je pense vraiment que le problème d’aujourd’hui est au niveau pédagogique. Les élèves changent et 80% ne sont plus intéressés par la beauté intrinsèque des maths, d’un roman ou d’un caillou… Nos programmes et nos méthodes datent du temps où 20 % d’une classe d’âge arrivait au niveau du bac… et je suis gentil car je pense que cela remonte de fait à Napoléon…
Nous avons réussi la massification qualitative, celle du nombre d’élèves en formation, mais pas la massification qualitative, qui exige des changements de pratiques et une vraie réflexion d’ingénierie pédagogique destinée à former autrement, à comprendre qu’il ne suffit pas d’enseigner pour qu’un élève apprenne… Le chantier est vaste, la pression monte et ce discours n’est plus iconoclaste chez les cadres responsables… mais s’il est entendu par les profs, il ne provoque pas encore de véritable changement.
Conclusion personnelle: il y a de l’eau dans la bouteille mais elle est loin d’être pleine !
Ma fille m’a aussi parlé de sa rentrée dans son nouveau collège, La principale avait organisé avec les nouveaux profs une tournée de découverte de la ville pour qu’ils connaissent leur nouvelle environnement, ce qu’elle a trouvé très bien. Celui-ci très pauvre jusqu’ici est en plein bouleversement ( les familles les plus pauvres ont été expulsées). Ses éléves sont majoritairement des noirs.
Elle m’a confirmé que dans les 2 collèges où elle a enseigné les élèves se lèvent à l’entrée d’un adulte, habitude qu’ils ont prises dès la primaire mais qu’elle même n’avait pas connue comme collégienne.