Réussir les réformes
A l’occasion du lancement de sa nouvelle formule, La Tribune publiait ce lundi un sondage sur l’état de la France et les changements à réaliser. Le quotidien économique en déduit que pour enrayer le déclin, les français sont prêts à faire des réformes.
Ils sont en effet 53% à estimer que « La France décline » contre seulement 12% qu’ »elle progresse » . Les points les plus négatifs sont l’emploi et le pouvoir d’achat.
Une majorité se dégage pour adhérer à un alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général, une sélection plus forte avant le baccalauréat, l’assouplissement du droit du travail ou la remise en cause des 35 Heures. Sont par contre refusés, la suppression de l’ISF, la diminution des allocations chômage et surtout le recul de l’âge de la retraite (2/3 de contre pour 1/3 de pour).
On rapprochera ce sondage de l’étude faite par la Banque de France sur les stratégies de désendettement menées à l’étranger.
L’auteure note que l’endettement de la France n’est pas encore critique mais que sa dynamique est préoccupante. Elle constate qu’il n’est plus possible de diminuer l’endettement par le biais de l’inflation ou de l’augmentation des impôts, et qu’il faut donc diminuer fortement les dépenses publiques, comme l’ont fait des pays confrontés aux mêmes problèmes que nous, par exemple le Canada, la Suède, l’Espagne ou la Finlande. Elle souligne qu’une telle politique exige un fort consensus national, qu’il est utiles de la coupler avec d’autres réformes structurelles. Elle note qu’il est plus facile de la faire en conjoncture haute : on voit de nouveau à quel point l’épisode de la cagnotte a été une faute.
Cette idée du consensus est évoquée également par Bernard Brunhes dans la revue Droit Social de novembre et dans La Croix il y a quelques jours. Il prend l’exemple des retraites en montrant que le Conseil d’Orientation des Retraites avait été l’occasion de construire un certain consensus avec les leaders syndicaux mais que ceux-ci n’avaient pas su convaincre leurs troupes. Il propose donc dans de tels cas, d’élaborer un Livre Blanc, de l’envoyer à tous les français avant de construire les solutions avec leurs représentants et les corps intermédiaire. Il s’agit ni plus ni moins de partager le diagnostic avant de passer aux solutions.
L’idée de la réforme globale rejoint l’observation de Christian Blanc dans « La croissance ou le chaos ». Il y note que la réforme profonde qu’il a proposée a Air France a été acceptée par les salariés alors que la réformette proposée par son prédécesseur avait mis la Compagnie à feu et à flammes. Une des raisons : les sacrifices sont refusés si la réforme ne permet manifestement pas de résoudre les problèmes.
Si on revient au cas des retraites, il faut évidemment expliquer aux français l’évolution démographique en cours. Ceci dit, la solution prônée par les experts (le report de l’âge de la retraite) n’est pas accepté par les Français , comme le montre e sondage de la Tribune. Il me semble qu’il y a à cela deux raisons :
un sentiment d’iniquité tant que les régimes spéciaux perdureront,
un sentiment de politique de gribouille tant que les seniors au chômage ne trouveront pas d’emploi.