Il n’y a pas de plan A

Publié le par verel

Lors du référendum de 2005 sur la constitution européenne, les partisans du non, à la suite de Laurent Fabius, reprochaient aux promoteurs du projet de ne pas avoir pensé à une alternative en cas de refus des électeurs, le fameux plan B

On découvre aujourd’hui que les promoteurs britanniques du « oui » à la sortie de l’UE pour le Royaume Uni n’ont même pas de plan A : non seulement ils n’ont pas réfléchi à la manière dont se ferait cette sortie en pratique, mais on découvre à quel point leurs promesses étaient bâti sur des mensonges.

D’abord les reproches faits à l’UE par les conservateurs et les partisans de l’UKIP étaient très différents voire carrément opposés. Ensuite certaines promesses étaient basés sur des mensonges ; Enfin, ils ne partageaient pas la même vision de l’après Brexit.

Si l’on en croit le récent article du Monde sur Boris Johnson et ses contradictions, il y avait dans les partisans du oui

  • D’une part des ultralibéraux thatchérien, issus du parti conservateur et regroupés derrière Boris Johnson, qui refusent les règles de l’UE mais sont des fans de la mondialisation et comptent bien continuer à favoriser l’immigration,
  • et d’autre part, sous la bannière de l’UKIP, les représentants des perdants de la mondialisation, qui rêvent de revenir à l’Angleterre d’antan, et veulent empêcher la venue des immigrants, qu’ils estiment responsables de tous leur maux.
  • Un gros tiers des électeurs traditionnels du Labour, sensibles aux arguments des précédents. D’où le reproche fait au chef du parti, Jérémy Corbyn, issu de sa partie la plus à gauche, de s’être battu très mollement pour le « non ».

Les motivations des leaders conservateurs partisans du « oui » ou du « non » étaient très éloignés du sujet officiel et avaient plus à voir avec de la tactique électorale du plus bas étage. Comme les motivations de J Chirac en 2005 en lançant le référendum sur la constitution européenne (il voulait diviser le PS) et celles de L Fabius sur le même sujet (il se plaçait pour la primaire de 2007).

Tous ces électeurs qui ont voté «oui » se sont réunis autour d’un mot (la sortie de l’UE) mais ne mettaient pas du tout le même avenir derrière.

C’est le même problème qu’affronte aujourd’hui l’Espagne : aucune majorité parlementaire n’ayant pu se dégager à la suite des élections du 20 décembre 2015, de nouvelles élections ont été convoquées le 26 juin 2016. Ces élections ont renforcé légèrement la droite, majoritaire au Sénat mais qui ne peut trouver de majorité aux Cortès. La gauche est majoritaire sur le papier, à condition de rallier la plupart des partis autonomistes (catalans, basques, …). Mais elle est profondément divisée.

Pour éviter ce type d’incapacité à dégager une majorité réunie autour d’un programme, la constitution de la Vème République a mis en place plusieurs mesures :

  • Le vote uninominal à deux tours par circonscription qui favorise les coalitions : les radicaux de gauche maintiennent une dizaine d’élus avec très peu de voix sur l’ensemble du pays, grâce » à leur alliance avec le reste de la gauche.
  • La priorité de l’Assemblée par rapport au Sénat : au bout de deux allers retours c’est l’Assemblée qui a le dernier mot
  • Le 49.3 : le gouvernement peut faire passer une loi s’il engage sa responsabilité

Il est possible que les inconvénients de ce système finissent par l’emporter, mais cela fait maintenant 58 ans qu’il assure l’existence d’une majorité. On verra l’an prochain si le morcellement des forces politiques en trois voire quatre forces fait ou non éclater le système : on pourrait se trouver avec une Assemblée ne donnant la majorité ni au FN, ni à l’union de la droite et du centre, ni à la gauche.

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Pas de plan A, et des mensonges de la part des pro-brexit ? Et c'est seulement après le vote qu'on s'en avise ? Mais qu'ont donc fait les pro-remain pendant la campagne référendaire ?
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V
J'imagine que les mensonges ont été dénoncées mais que certains n'avaient pas envie de l'entendre ou bien n'étaient pas en contacte avec les "bons" médias<br /> http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/02/quand-le-debat-democratique-laisse-les-faits-de-cote_4962408_3232.html