Renouveler la classe politique
Dans son allocution du 14 juillet, où il a comme à son habitude multiplié les promesses et inventé un tas de nouvelles priorités, jacques Chirac a laissé ouverte la possibilité qu’il se présente pour un troisième mandat. Il parait que l’incertitude dont il joue sur le sujet lui permet de garder des marges de manœuvre et une légitimité pour agir. Au-delà du fait que personne ne croit vraiment à une nouvelle candidature, il y a belle lurette que J Chirac a perdu toute crédibilité !
Au-delà de ses aventures personnelles, J Chirac, déjà premier ministre il y a 32 ans, illustre le vieillissement d’une classe politique usée jusqu’à la corde par une absence de renouvellement depuis 20 ans.
Dans un article à lire sur la responsabilité des générations, Louis Chauvel explique que la moyenne d’âge des représentants politiques et syndicaux est passée de 45 ans en 1982 à 59 ans en 2000, soit un vieillissement de 14 ans en 18 ans ! S’il y a eu des changements, ils se sont faits essentiellement dans la même génération.
Ces chiffres traduisent un phénomène plus global, décrit par l’article, qui est celui de la mainmise d’une génération sur le pays, au détriment de la suivante.
Mais le monde politique fait exception : la génération qui triomphe dans le pays , c’est celle du baby boom, née à partir de 1945, et étudiante en 1968, qui profite notamment de son poids démographique après les classes creuses précédentes. Or, si on prend les chiffres de L Chauvel, la génération qui garde le pouvoir est née en moyenne en 1937 (pour ceux qui dominent en 1982) ou en 1941 (pour ceux qui dominent en 2000)
Dans le domaine politique, le renouvellement a été assuré par différents phénomènes : la primauté à ceux qui avaient fait de la résistance après 1945, le séisme qu’a représenté l’arrivée de la 5ème République, le remplacement de la SFIO par le parti socialiste, le regroupement d’une partie de la droite et du centre au sein de l’UDF, le putsch de J Chirac et la création du RPR.
Et puis, à partir des années 1980, plus rien ! La logique majoritaire puis le mode de financement des partis ne sont plus facteurs de renouvellement. Et les partis qui apparaissent n’arrivent pas à émerger réellement. Les verts, dont le principal leader, Dominique Voynet, est effectivement nettement plus jeune que les autres, n’ont que quelques élus.
Certains ont essayé de « secouer le cocotier ». L’initiative de la bande Noir, Carignon, Léotard, Baudis etc. n’était après tout qu’un manifeste générationnel. Elle a fait flop.
On peut aussi analyser la création du NPS de la même manière. Vincent Peillon est né en 1960, Arnaud Montebourg est né en 1962.
La génération des quadras a en effet bien du mal à trouver sa place. Et comme il faut faire la place aux femmes (à cause de la parité) et maintenant aux personnes issues de l’immigration, ceux qui n’ont pas ces caractéristiques se rendent compte qu’ils ne sont pas prêts de percer, malgré des années de militantisme !
On peut se demander s’il ne va pas y avoir un saut de générations, comme aux extrêmes où on est passé de Krivine à Besancenot et où on semble passer de JM Le Pen à sa fille.
Ce non renouvellement de la classe politique coïncide avec un non renouvellement des idées. Je reste frappé par le fait que le seul texte de fond du congrès du PS du Mans était celui signé Michel Rocard (né en 1930 !) et qu’il proposait de récuser les vieilles thèses marxistes du 19ème pour choisir celles de la social démographie, symbolisée par trois hommes, Ford, Beveridge et Keynes, qui ont élaboré leur thèses dans la première moitié du 20ème siècle !
Il semble que l’arrivée de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy se traduise par un certain renouvellement des idées, bien timide malgré tout. Il est grand temps !
Ceci dit, il semble que la primauté des jeux sur les enjeux reste de mise, en particulier dans le monde médiatique.
En réalité, il faut pour assurer le renouvellement des générations et des idées une méthode plus radicale, comme celle que propose Christian Blanc, avec l’interdiction de plus de deux mandats identiques successifs.