Survivance prémonitoire
L’institut de veille sanitaire publiait ce mardi une étude sur les résultats de la lutte contre le cancer, en observant le taux de survie 5, 10 ou 15 ans après le diagnostic de la maladie. Les résultats à 5 ans marquent les progrès réalisés dans presque tous les types de cancer entre 1989/ 1993 et 2005/2010. Les taux de survie à 5 ans sont très divers selon les organes atteints, avec par exemple 94% pour le cancer de la prostate et 17% pour le cancer du poumon.
Le taux de survie à 5 ans est calculé d’une part pour les malades diagnostiqués entre 1989 et 1993 et d’autre part pour ceux diagnostiqués entre 2005 et 2010. Dans les graphiquespubliés par le Monde, la période 2005/2010 est devenue 2005/2015(l’erreur est corrigée sur la version en ligne). Sauf boule de cristal particulièrement performante, on ne peut évidemment pas connaitre aujourd’hui, en 2016, le taux de survie à 5 ans de malades diagnostiqués en 2013 ! On ne sait pas d’où vient l’erreur du Monde, puisque non seulement elle ne se trouve pas dans le communiqué de presse de l’InVS, mais elle n’est pas non plus dans le texte de l’article. Mystère de la rédaction…
Ceci dit, l’InVS fait une erreur semblable en donnant le taux de survie à 10 ans des malades diagnostiqués entre 1998 et 2010 : à qui peut on se fier ?
L’étude est encourageante en ce qu’elle montre les progrès réalisés, avec des taux de survie à 5 ans encore en progrès, et des taux de survie à 15 ans supérieurs à 50 %(voire 60 ou 80%) pour un certain nombre de cancers fréquents (prostate, sein, colon rectum…).
Parmi les cancers courants qu’on guérit relativement rarement (même s’il y a aussi des progrès dans ce domaine) figure le cancer du poumon. En 2012, les quatre principaux cancers (prostate, sein, colon rectum, poumon) sont responsables de 68433 décès (soit environ 13% du total) et le cancer du poumon en représente 43%.
85% des cancers du poumon sont dus au tabac, qui n’entraine pas que cette maladie : Wikipédia chiffre à 60 000 par an le nombre de morts liés au tabagisme en France, contre 30 000 pour l’alcool, 15 pour Tchernobyl dans les hypothèses les plus pessimistes ou 743 pour les homicides (valeur en 2011). On se demande si l’insistance des médias ou de militants de telle ou telle cause est raisonnable au regard de ces chiffres !