Bien ou mal?

Publié le par verel

J’ai commencé la lecture du dernier livre d’Umberto ECO, « A reculons, comme une écrevisse », dans lequel il reprend certains de ses écrits sur la guerre en IRAK.

 

Cela m’a fait penser à un épisode de NCIS vu ce vendredi, dans lequel les héros sont confrontés aux ravisseurs d’un militaire qui détient un secret défense. Ces ravisseurs ont pratiqué la torture en IRAK et les héros ont très vite la conviction qu’ils sont en train de l’appliquer au militaire en question. Ils décident donc de faire de même avec une femme qui sait où sont les ravisseurs. Evidemment, à la fin les héros l’emportent et le très jeune fils du militaire enlevé a la joie de retrouver son papa, blessé mais vivant.

 

Au passage, on aura justifié l’usage de la torture contre des gens qui la pratiquent eux-mêmes. On voit bien pourquoi les américains ont aujourd’hui besoin de défendre ce type de comportement : une négociation est en cours sur ce point entre la majorité républicain et le président Busch. Ceci dit, ce n’est pas nouveau, une des choses qui me frappent depuis longtemps dans la plupart des films ou surtout séries américaines, c’est que les « bons » se comportent exactement comme les « méchants », la seule différence étant qu’on les a positionné comme bons au départ.

 

C’est justement un des aspects de la pensée de Umberto ECO : dans la lutte entre la démocratie et la dictature (fasciste ou communiste) ou le terrorisme, la démocratie a le droit de se défendre jusqu’à tuer l’ennemi si nécessaire, mais elle réprouve l’acte de tuer et donc ne le fait qu’en toute dernière extrémité. C’est aussi parce qu’il y a eu Munich, qu’il est clair que la deuxième guerre mondiale procède d’une volonté d’Hitler et que les démocraties ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour l’éviter.

 

On ne peut défendre de manière durablement efficace les valeurs de la démocratie que si on  se comporte en conformité avec les valeurs qu’on prétend défendre. Cela s’appelle tout simplement de la cohérence. En pratiquant les promesses démagogiques pour se faire élire, on aboutit à une montée de l’abstention et du vote extrémiste, comme on a pu le voir en 2002.

 

J’étais à une réunion ce samedi avec C Blanc, et à la réflexion, cette question était sous jacente aux débats qui ont eu lieu. Certains militants trouvent que l’ancien dirigeant d’Air France n’est pas assez présent dans les médias, mais celui-ci se refuse clairement à se plier aux règles médiatiques pour y arriver, dans la mesure où elles sont en contradiction avec tout ce qu’il défend. Il a ainsi toujours refusé de ce prêter au jeu des petites phrases sur les jeux des uns et des autres comme il a refusé une invitation de Karl Zéro à son vrai faux journal. Comme nous faisions l’analyse que notre discours serait plus entendu si nous avons beaucoup de signatures à l’Appel, un des présents a proposé de déclarer que nous en avions plus de 100 000, même si ce n’est pas vrai. Christian Blanc a simplement dit qu’il ne le ferait jamais, et personne n’a insisté.

 

J’avais eu un débat de ce genre avec un de mes collègues en 2002, quand je me suis présenté aux élections sous l’étiquette Energies Démocrates : il me disait que je ne serais pas élu si je refusais de faire des promesses (je pense que cela n’aurait pas suffit de toutes façons !) et je lui répondais qu’en étant élu sans dire la vérité, on s’interdisait ensuite d’agir. S’il est vrai que je n’ai pas été élu, les hongrois sont en train de me donner raison !

 

Publié dans Organisation de l'Etat

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D
Pas vraiment en effet. A bientôt
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V
A Denis Castel: je suis d'accord avec vous mais je n'ai pas vraiment de solution
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D
Verel, <br /> Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit : il n'y a effectivement rien à gagner à que CB se prête aux jeux malsains des petites phrases qui contribuent, comme les sondages à tout bout de champ, au discrédit de la classe politique. A lire ou entendre les réactions de certains sympathisants, je m'inquiétais juste de l'effet que cela pouvait avoir sur les bonnes volontés qui ne demandent qu'à le suivre.
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V
A Jacques Heurtault: vous avez parfaitement raison. C Blanc ne rêve pas toutes les nuits de devenir président de la république. Son objectif est plus simplement de faire progresser ses idées, et si la candidature se révéle un moyen adapté pour cela, il ira. On n'en est pas là
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J
Et si l\\\'objectif que se donnait vraiment Christian Blanc (que j\\\'apprécie beaucoup pour sa rigueur intellectuelle) n\\\'était pas d\\\'être candidat "à tout prix" mais seulement en position de faire progresser quelques idées-force qu\\\'il défend avec raison?
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V
Mais certains militants ne trouveront jamais qu'il est assez présent dans les médias! Les même qui se plaignaient en 2004 ou 2005 quand il y était très pau ont continué en 2006 alors qu'il y était beaucoup plus, notamment grâce à la promotion de son livre<br /> Sa présence est pourtant plus importante que celle de 99% des députés. Il a par exemple eu 2 tribunes dans Le Monde cette année, et c'est loin d'être passé comme une lettre à la poste!<br /> Les médias consacrent 97% de l'espace du politique aux jeux et seulement 3% aux enjeux. Christian Blanc est sur ces derniers, et sont discours est cohéent, donc il ne peut se réduire à quelques petites phrases. L'espace pour s'exprimer est d'autant plus réduit<br /> Enfin, il me parait extrémement important que la communication qu'il fait soit cohérente avec ce qu'il est , et certainement pas un agité capable de dire tout et son conbtraire pour être présent dans les médias
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D
"Certains militants trouvent que l’ancien dirigeant d’Air France n’est pas assez présent dans les médias"<br /> Christian BLANC peut-il avoir raison contre tous ? Sans aller jusquà déclarer faussement avoir reccueilli 100.000 signatures ou pousser la chansonnette chez Drucker, peut-être peut-il trouver des façon d'être plus présent en accord avec son tempérament ? Il ne faudrait pas que ce sentiment qui semble partagé par nombre de militants qui décident de s'engager à ses côtés en vienne à décourager leur bonne volonté. Et puis, certains ne sont peut-être pas plus que lui portés par leur caractère à aller faire du racolage : comment leur demander de forcer leur nature si lui-même n'est pas prêt à le faire ?
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B
bravo pour la rigueur de la pensée - pour l'Irak  : une civilisation qui prend des libertés avec ses principes ne vaut plus la peine d'être défendue;<br /> Nous l'avons expérimenté en Algérie, non ? et en politique ce genre d'intransigeance vous amène à être éternellement minoritaire, mais peut vous permettre de peu à peu transformer les pratiques. Y croire ?<br /> Pas une passion pour Eco mais j'ai adhéré aux "bonnes feuilles" publiées par le Monde cet &t&
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M
Bravo pour la nouvelle présentation du site. C'est clair et agréable à lire. Tu as bien fait.
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