Chômage et qualification

Publié le par verel

Le 18 février dernier, « Rue des entrepreneurs » sur France Inter, avait comme thème « les jobs du futur ». Un intervenant, probablement Géry Coomans, expert auprès de la Communauté Européenne, a expliqué qu’au sein des 25, le taux d’activité de ceux qui n’ont pas le bac est de 50%, pour ceux qui ont au moins le bac de 70% et de 83% pour ceux qui ont au moins bac+3. Il disait que le phénomène était également vrai en France, bien que moins accentué

Si la tendance ne m’a pas surpris, l’importance de l’écart des chiffres m’a étonné. Je suis donc allé voir sur Eurostat et j’ai trouvé une statistique sur le taux de chômage en fonction du niveau d’études.

Il apparaît qu’effectivement le taux de chômage baisse avec le niveau d’études parmi les 25 avec les résultats suivants :

Etudes primaires et premier cycle du secondaire : 11.3% de chômeurs

Etudes secondaires : 8.1%

Etudes supérieures : 4.6%

 Le phénomène touche tous les pays, certains plus que d’autres : dans les pays de l’Est l’écart est nettement plus important que chez nous.

Mais on ne retrouve pas les chiffres que j’ai entendu. Première explication possible : la statistique ne portait que sur les plus jeunes. Deuxième explication : le taux de chômage. n’est que partiellement corrélé au taux d’activité  Et les moins qualifiés sont plus facilement complètement exclus du monde du travail, et donc n’apparaissent pas dans  les statistiques (par ex les femmes non qualifiées reste plus facilement au foyer , les Rmistes sont plus souvent des non qualifiés etc.)  

Quelques jours plus tard, je me retrouvais au restaurant avec des collègues et j’ai été amené à discuter avec la serveuse. Celle-ci m’a expliqué qu’elle était en train de passer son CAPES d’arts plastiques et qu’elle était donc assez fatiguée.

Cet exemple parmi cent autres illustre le fait que les plus qualifiés peuvent occuper, au moins temporairement, des métiers peu qualifiés. Evidemment l’inverse n’est pas vrai.

Une étude de 2002 sur l’avenir des métiers, montrait que la proportion de recrutement sur des postes non qualifiés d’ici 2010 serait comprise entre 13 et 20% selon les hypothèses, alors qu’il en sort 20% de l’enseignement initial. Une nouvelle étude à l’horizon 2015 est en cours, mais les résultats sur ce point ne seront sans doute pas très différents.

L’avenir des non qualifiés est d’autant plus préoccupant, que l’effet d’éviction par des personnes plus qualifiées peut être durable (voir ici).

C’est aussi dans ce contexte que doivent être traitées les questions des banlieues, de l’immigration ou de l’organisation de l’enseignement initial et permanent. Car la ai solution d’avenir, c’est bien sûr que le maximum de jeunes (c'est-à-dire plus de 90 voire  95 %) sortent avec une vraie qualification.

Publié dans Social

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
Peu importe que la France ne sache plus créer d'emplois tant qu'elle sait éduquier et former les générations montantes.Car, avec une bonne formation, il est toujours possible de partir exercer un emploi qualifié là où il existe, par exemple, à l'étranger. Par contre, difficile de prétendre espérer à un emploi qualifié sans système de formation performant à proximité de son lieu de naissance.Et s'il faut vraiment des ouvriers qualifiés, je suppose qu'à l'échelle mondiale, les volontaires qualifiés et heureux de voir se présenter de telles opportunités ne manqueront pas.Et tout le reste n'est que nationalisme.
Répondre
V
C'est la France qui fonctionne sur un modèle périmé et qui n'arrive pas à créer suffisamment d'emplois, qualifiés ou non, quand de multiples exemples autour de nous montre que c'est possible: voir le livre de Christian Blanc, la croissance ou le chaos<br /> L'exemple de la serveuse est simplement là pour montrer que certains peuvent se déqualifier quand d'autres ne le peuvent pas. Mais cette déqualification dans son cas  n'est évidemment pas durable. On sait par ailleurs que les métiers en tension ne sont jamais des métiers non qualifiés. Aujourd'hui on trouve facilement des manoeuvres pouyr le batiment mais très difficilement des maçons, c'est à dire de vrais ouvriers professionnels
Répondre
F
Une autre conclusion logique de l'exemple de la serveuse est la conclusion inverse : ce n'est pas la qualification qui manque mais l'emploi qualifié, investissons donc sur le nombre et/ou le partage des emplois qualifiés (politique de régulation du marché du travail), plutôt que sur la formation pour les occuper.<br /> <br /> C'est un tout petit peu plus que de la provocation :-)<br /> <br /> En effet, si la richesse est là (voir l'ascension des bénéfices CAC 40) mais qu'elle ne se traduit pas en travail, on peut en tirer deux conséquences opposées ... voire trois :<br /> 1) Nos travailleurs n'arrivent plus à intéresser le capital pour qu'il fasse produire chez nous, il faut faire progresser nos travailleurs ;<br /> 2) Nous arrivons à nous enrichir sans travailler, il faut partager cette richesse, notamment en la redistribuant sous forme de travail surpayé par rapport au marché mondial ;<br /> 3) Ce n'est plus le travail qui crée la richesse marchande mais la création (la poésie), ce n'est plus la chose qui contient la valeur, mais la capacité à apporter cette chose "ici et maintenant" à quelqu'un (le moment opportun, kairos), nous devons donc remplacer le modèle éco-socio-salarial-formatif productiviste par un modèle éco-socio-salarial-formatif créativiste / opportuniste ...
Répondre